Retour en 1997, la France présente un nouveau et prometteur gardien de but au Championnat du Monde en Finlande. Le Grenoblois de 21 ans, Cristobal Huet, finit par jouer un peu plus de 100 minutes dans le tournoi, la plupart du temps en relève, et ce n’est pas simple. Son pourcentage d’arrêts en trois matches joués est de 79,3.

C’est allé beaucoup mieux après cela, et dans huit mois, Huet se verra terminer sa carrière internationale à la maison, à Paris, exactement vingt ans plus tard. « La chance de représenter la France dans un tournoi au Palais Omnisports de Paris-Bercy (maintenant appelé AccorHotels Arena) a été un élément de motivation, précise-t-il.

« Je pense que ça m'a fait jouer quelques mondiaux de plus que ce que je voulais », dit-il en riant.

« Nous voulons montrer à notre pays à quel point le hockey est un sport merveilleux et ce que sera un événement aussi important que le Championnat du Monde. J’aurais probablement mis fin à ma carrière internationale si ce tournoi n’avait pas été là, car le temps est long loin de la famille - mais j’ai déjà dit ca il y a longtemps aussi, alors qui sait, » ajoute-il.

Le tournoi à domicile serait également son 13e Championnat du Monde Elite, ce qui mettrait à égalité avec le biélorusse Andrei Mezin et un des membres du Hall of fame de l'IIHF, Vladislav Tretiak, de l'Union soviétique.

Donc, oui, Huet est là depuis longtemps. Il a été repêché en NHL à 25 ans, lorsque les Kings de Los Angeles ont utilisé leur neuvième choix pour Huet au 7e tour, en 214e position au total. A ce moment là, il avait remporté le titre français avec Grenoble, le titre suisse avec Lugano (dès sa première saison en ligue suisse) et avait également remporté tous les prix individuels qu'un gardien puisse gagner dans ces ligues. Il a fait ses débuts en NHL en 2003 à 27 ans, et en 2010, il est devenu le premier joueur français à remporter la Coupe Stanley quand il jouait avec les Blackhawks de Chicago.

Comme c’était son 41e anniversaire le jour de l’interview, la question de l'âge - et la question des médias qui parlent de son âge – est venue naturellement.

« Atteindre 40 ans est un cap important, en particulier pour un joueur de hockey », dit-il.

« Je ne suis plus aussi rapide que j’ai pu l’être, mais j’essaie de jouer plus avec ma tête qu’avec mon corps. Je réfléchis. J'aime toujours le jeu et la clé est de profiter de ce que l’on fait et d’apprécier la possibilité d'être encore capable de jouer à un niveau élevé ", ajoute-t-il.

D'autres joueurs de la quarantaine parlent toujours de l'importance de prendre soin de son corps, de bien manger, de se reposer, et de travailler, si ce n’est plus fort qu’avant, au moins de façon plus intelligente qu'avant.

« Je n’ai jamais été le gars le plus travailleur hors de la glace, mais je suis conscient de la réalité [de prendre de l’âge]. Je fais tout ce que je peux pour rester au top de mon jeu et j'utilise toutes les méthodes possibles pour m’aider à récupérer d’un match ", dit-il.

Huet ne ressemble pas au gardien typique du 21ème siècle qui, alors qu'ils sont les plus grands joueurs sur la glace, sont les plus maigres de leurs équipes sortis de la glace. Huet est musclé, avec des bras forts et des jambes puissantes. Il mesure 183 centimètres et pèse 91 kilogrammes, ce qui fait de lui un joueur plus lourd que quatre des défenseurs et trois des attaquants qu'il a en face de lui au tournoi de qualification olympique à Oslo.

« J'ai toujours été comme ça. Je sais que beaucoup des gardiens de but sont maigres, mais mon corps est comme ça. J'ai toujours essayé de faire les mêmes régimes que les joueurs de champs, » explique-t-il, avant de sourire quand il ajoute, après un moment:

"Et j’aime manger."

En 2012, Huet a signé un contrat de quatre ans avec Lausanne. La durée du contrat, le fait que sa femme vienne de la région etque Grenoble ne soit seulement qu’à deux heures de route, ont aidé Huet à prendre sa décision, même si à l'époque, Lausanne ne jouait qu’en seconde division

« Il était temps de penser à ma famille et même si j'avais des offres de plus grandes ligues, je ne voulais pas signer un contrat de courte durée, et déménager encore avec les enfants" dit-il.

Lausanne a été promu dans la première division à la fin de sa première saison là-bas, et Huet a été nommé Meilleur Gardien de but l'année d'après. En 2015, après que "CristoWall" ait affiché le plus grand nombre de blanchissages de la ligue, soit sept, les médias l’ont élu Meilleur Gardien de but, et il fait partie de l'équipe All-Star.

La saison dernière, à 40 ans, il a joué 46 matches (sur 50), ce qui est plus que ce qu'il a joué la plupart des saisons en NHL.

"Le championnat suisse est difficile parce que nous jouons consécutivement les vendredis et samedis et je sais qu’à mon âge, il pourrait être intelligent de donner à l'autre gardien l’occasion de débuter quelques matches, mais ce n’est pas à moi de décider. Si le coach veut que je joue, évidemment, j’ai toujours envie de jouer", dit-il.

Jouer les trois matches d’un tournoi de qualification olympique n’est donc en rien inhabituel pour Huet.

"Sauf qu'il est tôt dans la saison et je suis plutôt un moteur diesel qui prend du temps pour démarrer. Nous savions que nous devions être dans la même forme qu’à la mi-saison, mais en Septembre, et ça, c'est un peu différent", dit-il.

Alors qu'il n'a pas joué en France depuis 1998, il a vu les hauts et les bas du hockey français de plus près en équipe nationale. (Il a également joué deux Championnats du Monde division 1). A Oslo, il essaie d'aider la France à se qualifier pour les Jeux Olympiques et de passer le flambeau à la génération suivante.

"Nous ne disposons pas de l'équipe la plus forte sur le papier et notre classement - 14èmes maintenant – le montre. Mais nous avons appris de [Philippe] Bozon et des autres gars qui étaient là avant nous une chose essentielle, à savoir, toujours travailler dur et avoir une bonne ambiance dans l'équipe.

« C’est important pour nous de voir que Stéphane da Costa et Pierre-Edouard Bellemare sont quelques-uns des gars qui suivent l’exemple que le [capitaine de l'équipe Laurent] Meunier et Yorick Treille ont montré tous les jours. Nous savons que l'équipe de France sera entre de bonnes mains avec eux. A l’avenir, on retrouvera toujours l'atmosphère, l'énergie et le fait que nous sommes conscients de la chance de jouer pour notre pays », dit Huet.

Mais d'abord, le match de dimanche contre la Norvège, avec Treille, Meunier et Huet.

« Nous sommes à 60 minutes des Jeux Olympiques, la Norvège joue à la maison et la patinoire sera remplie. Nous savons qu'il ya beaucoup de pression sur l'équipe qui reçoit, donc nous espérons bien débuter le match afin de leur mettre un peu de doutes et nous donner une chance », dit-il.