En 2013, Florian Hardy gardait la cage française lors de la victoire sur la Russie, 2-1. L’expérimenté gardien de but du CE Dornbirn a brillé à Paris quand bien même la Finlande battait les Français au nombre des tirs cadrés (43-26). Les Finlandais ont même tiré 16 fois de plus que les Français en troisième période (20-6). Lorsque Pierre-Edouard Bellemare a été nommé meilleur joueur du match côté français, il a insisté pour que Hardy prenne sa place sous un tonnerre d’applaudissements de la part du public conquis.

« Notre gardien a été exceptionnel aujourd'hui. C’est ce qui a fait la différence cet après-midi », a déclaré Kevin Hecquefeuille.

L'habile agitateur, Antoine Roussel, a emmené l’attaque en marquant deux buts dont celui très précieux de la deuxième période qui permit à la France de passer l’épaule. Bellemare a marqué un but et fait une assistance. Valentin Claireaux et Damien Fleury ont marqué les autres buts. Finalement, Anthony Rech est crédité de trois mentions d’aide.

« Nous avons eu un bon état d’esprit toute la durée du match », a déclaré Roussel. « Nous avons joué simplement et avons pris soin des petits détails aujourd'hui. Tout le monde a travaillé dur. Nous devons maintenir cette mentalité si nous voulons continuer à gagner des matches. »

Mikko Lehtonen a marqué le seul but finlandais. Cette défaite confirme les craintes d’avant le CM. En effet, l'entraîneur Lauri Marjamaki appréhendait que son équipe ne soit pas en mesure de marquer suffisamment de buts, surtout s’il l’on compare l’équipe de cette année avec celle médaillée d’argent de l’année dernière (37 buts en 10 matches).

« Ils nous ont mis la pression pendant 60 minutes et leur gardien de but a bien joué, mais nous n'avons pas joué aussi bien que nous le aurions pu », a déclaré le Finlandais, Sebastian Aho.

Auparavant, la France avait perdu tous ses matches contre la Finlande depuis 1993, date à laquelle les deux nations se confrontèrent pour la première fois. Au total, huit défaites pour la France jusqu’à aujourd’hui matin. Ces dernières années, les Français ont battu d’autres nations qui leur étaient supérieures. Ils l’avaient également emporté contre le Canada après les tirs au but 3-2 dans le match d’ouverture du CM 2014 en Biélorussie.

L’espoir pour la France d’atteindre les quarts de finale renait. La victoire a été particulièrement impressionnante puisque la France a joué sans Stéphane Da Costa qui est grippé. C’était lui qui avait marqué les deux buts français lors de la première défaite 3-2 contre la Norvège. Les Finlandais ont, quant à eux, joué sans leur capitaine, Lasse Kukkonen, blessé à la main. Il est retourné en Finlande pour évaluer l’ampleur de sa blessure.

Les hôtes ont peiné au début du match. Ils n'ont pas cadré une seule fois pendant près de six minutes. En outre, ils ont consécutivement pris des pénalités dont la faute pour méconduite de Roussel après un échange de coups avec l'Atte Ohtamaa de Finlande.

Néanmoins, le vent a tourné et les Français ont commencé à attaquer plus furtivement. Bellemare a ouvert le score à 14’17’’. Il a exploité un palet perdu en face de la cage, ouverte par les défenseurs finlandais qui s’étaient effondrés sur le portier Joonas Korpisalo. L’AccorHotels Arena a éclaté de joie sous une marée de drapeaux tricolores brandis par le public.

« L’énergie des spectateurs a transcendé les joueurs français », a déclaré Aho. « L’ambiance était formidable. »

Les joueurs de Marjamaki ont bénéficié d’une double supériorité numérique après que Maurin Bouvet et Antonin Manavian ont pris des fautes consécutives. Mais il n'y avait rien à faire. Mikko Rantanen a touché le poteau, tandis que Jordan Perret se couchait par terre pour bloquer un palet.

« Aujourd’hui, notre jeu en infériorité numérique était excellent. Nous avons su comment tuer les pénalités, c’est pourquoi nous avons bloqué tant de tirs », a déclaré Roussel. « C'était énorme. »

Hardy, imitant le style de Dominik Hasek, a magnifiquement arrêté un palet tiré par Oskar Osala 18 secondes avant que la première sirène ne sonne. Le Finlandais croyait avoir marqué dans la cage grande ouverte levant ses bras au ciel, mais c’était sans compter sur Hardy qui, du bout de sa crosse, a arrêté le palet et l’a bloqué sous son dos en retombant. La vidéo a confirmé que le palet n’avait pas franchi la ligne de but. C’est, pour le moment, le plus beau sauvetage du tournoi.

Après 1’33’’ dans le deuxième tiers, les Finlandais ont égalisé grâce à un tir de Lehtonen de la ligne bleue. En d’autres temps, ce but aurait permis à la Finlande de passer l’épaule, mais pas aujourd’hui.

La France a repris les devants à 13’58’’. Un but signé par Bellemare qui a volé la rondelle à Aho au milieu de la glace et patiné à toute vitesse vers la cage pour tirer dans la lucarne, sans conclure. Korpisalo n’a pas pu contrôler le rebond et Roussel a marqué.

La France a marqué le 3-1 sur un jeu de puissance à 1’11’’ du terme de la deuxième période. Claireaux qui se trouvait devant le but finlandais a dévié le tir de Jonathan Janil. Le palet est passé par-dessus l’épaule gauche du gardien.  

Jesse Puljujarvi, attaquant de 19 ans et médaillé d’or au CM junior et du tournoi U18 l'année dernière, est finalement entré sur la glace dans la troisième période après être resté assis sur le banc des joueurs lors de la victoire 3-2 sur la Biélorussie et pendant les deux premières périodes de ce match. Le grand espoir des Oilers d'Edmonton a insufflé un nouveau vent de fraîcheur, mais malheureusement, sans concrétiser.

Puis, Roussel a marqué le 4-1, avance insurmontable pour les Finlandais. Il a traversé toute la patinoire depuis la zone médiane pour adresser un tir sur le but de Korpisalo. Le palet lui est passé entre les jambières à 8’27’’ de la fin du match.

Roussel à nouveau pénalisé (14 minutes de pénalités en tout, ce soir), Marjamaki a décidé de tenter le tout pour le tout en sortant Korpisalo pour pouvoir jouer à 6 joueurs de champ les 5 dernières minutes. Le pari est un échec puisque Fleury a marqué le 5-1 dans la cage vite à 17’49’’. Toute la patinoire a tremblé car les supporters français se déchaînaient, sautaient et criaient de joie.

« L’ambiance dans l'arène avait quelque chose de spécial aujourd'hui », a déclaré Hecquefeuille. « C'est tellement plaisant de jouer à la maison devant nos familles, nos amis et nos fans. Nous n’avons pas ressenti de pression. Nous voulons vraiment profiter de ce Championnat en France. »

Dans un passé pas si lointain, la Finlande a eu une influence notable sur le hockey français. Juhani Tamminen a entraîné la France aux CM de 1995 et 1996, tandis que Heikki Leime a tenu les rênes de l’équipe de France aux JO de 2002 et au CM de 2004. Le gardien de but franco-finlandais, Petri Ylonen, était un pilier important de la France aux JO de 1992 et 1994 et à cinq CM.

Mais aujourd'hui, la sélection française s'appuie sur des talents locaux. Et quel exploit c'était dans la ville de l'Arc de Triomphe.